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Le Monument des Héros Nationaux : Une Mémoire Vivante du Burkina Faso

À Ouagadougou, au cœur du quartier Ouaga 2000, se dresse une œuvre monumentale à la croisée de l’art, de l’histoire et de la mémoire collective : le Monument des Héros Nationaux. Ce géant d’architecture symbolique incarne les luttes, les douleurs, mais aussi les espoirs du peuple burkinabè.

Un monument né d’une crise

L’origine du projet remonte à une période trouble : l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998, alors qu’il enquêtait sur des affaires impliquant le pouvoir. Ce drame a éveillé la conscience nationale et déclenché une vague de protestations sans précédent, remettant en cause l’impunité, l’injustice et l’autoritarisme.

Sous la pression, le gouvernement convoque en 1999 un Collège des sages qui recommande la création d’un monument national en mémoire des victimes des violences politiques. C’est dans ce contexte que naît le projet du Monument des Héros Nationaux, officialisé en 2001 lors de la Journée nationale du pardon, mais dont la construction ne débutera réellement qu’en 2002.

Une architecture lourde de sens

Construit en 2008, le monument impressionne par ses quatre flèches inclinées convergeant vers une flamme éternelle. Au centre, deux calebasses : l’une tournée vers le bas symbolise la sépulture des héros, l’autre, ouverte vers le ciel, contient l’eau de la paix et de l’unité. Les quatre piliers représentent les grandes étapes de la construction nationale : indépendance, république, révolution, démocratie. À mi-hauteur, un anneau unit les piliers, affirmant l’engagement indéfectible pour l’unité nationale.

Un lieu d’espoir… mais aussi de controverse

Le monument n’est pas qu’un édifice de pierre. Il est le reflet des fractures et des rivalités mémorielles. Tandis que le régime de Blaise Compaoré voulait en faire un symbole de réconciliation, une partie de la population voyait dans cet effort un moyen d’étouffer les vérités et d’éviter la justice.

Mais l’histoire continue : en 2014, l’insurrection populaire met fin à 27 ans de règne de Compaoré. Le monument, jusque-là peu fréquenté, renaît. Une stèle est ajoutée pour honorer les martyrs de l’insurrection et du putsch manqué de 2015. Cette stèle, symbolique et imposante, représente deux poings — l’un masculin, l’autre féminin — s’élançant vers le ciel autour d’une étoile, en référence au drapeau national. Elle incarne l’union, la force et la révolte du peuple, en écho au mouvement « Balai Citoyen » et à la mémoire de Thomas Sankara. En y intégrant explicitement la main d’une femme, la stèle rend également hommage au rôle essentiel des femmes dans l’insurrection, réaffirmant ainsi les idéaux de démocratie, de liberté et d’égalité.

Le site devient alors un véritable mémorial vivant, fréquenté lors des commémorations officielles.

Un patrimoine entre mémoire et avenir

Aujourd’hui, bien que situé dans un quartier huppé peu accessible au peuple, le Monument des Héros Nationaux reste un symbole fort. Il évoque une mémoire encore vive, une douleur encore palpable, mais surtout une volonté inébranlable de bâtir un avenir meilleur.

Au-delà des drames, ce lieu est un appel à la paix, à la justice et à l’unité. Un espace où chaque Burkinabè, jeune ou vieux, peut venir se souvenir… et espérer.

#MonFasoMaTerreMonCombat

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